Vous avez dit startup? (1ère partie)

Qui n’a jamais entendu parler de startup? Si vous avez entre 20 et 30 ans et que vous venez de créer ou rêvez de créer une entreprise, c’est presque un mot magique. Le sous-entendu rêvé étant bien sûr la revente à très gros prix à des investisseurs ou des grands groupes.

Avec l’argent que vous pourriez gagner, vous anticipez sans doute les nouvelles opportunités qui s’offriraient à vous. Mais pour en arriver là, il faut éviter un certain nombre d’écueils.  La comptabilité et la gestion font évidemment partie des points à maîtriser. Dans cette première partie, j’aborderai les bases indispensables à acquérir avant de vous lancer.

Qu’est-ce qu’une startup?

La définition que je donnerai est celle-ci : entreprise technologique ou digitale proposant une solution disruptive à un problème existant.

Qui dit startup dit longues heures de travail, petit salaire, moyenne d’âge de 25 ans, management réduit, voire inexistant, levée de fonds, etc.

Les conditions de travail proposées font rêver : congés payés illimités, travail de partout dans le monde, télétravail à 100%, repas gratuits, jeux, espace de détente et de sport, horaires flexibles. Lorsque les investisseurs entrent en scène, pas de méprise. Ce sont eux qui pilotent et dirigent.

Quel est le point de départ?

C’est une idée : réindustrialiser une région; proposer un coaching santé via une application; créer une cuisine collective équipée pour des restaurateurs de petite taille; enchanter la montagne en organisant des activités pour les enfants; créer un nouveau moyen de paiement sécurisé, etc.

Cette première idée est un pari sur l’avenir. Personne ne sait si les futurs consommateurs vont acheter le produit ou le service ou l’application puisque le concept est inconnu, hors des habitudes existantes.

C’est l’entrepreneure qui porte l’idée. C’est son rêve, son intuition, une intime conviction inexplicable. Pourtant elle n’est pas suffisante pour convaincre les différents partenaires d’embarquer.

Comment préparer le démarrage?

La préparation est cruciale et ce travail est synthétisé dans un business plan, exigé dans les écosystèmes français et canadien. L’objectif est de clarifier les différentes étapes du démarrage jusqu’aux prévisions financières des 3 premières années. Les ventes sont la colonne vertébrale du développement.

Comment étudier l’intérêt de futurs consommateurs qui ignorent tout de votre produit ou de votre service ? L’étude de marché est indispensable. J’accorde de l’importance à la mise en place de questionnaires ciblés destinés à sonder les envies ou les fonctionnalités. Construire des prototypes et les vendre suit la même logique. Les sœurs Maguire ont vendu 200 prototypes de chaussures pour voir s’il y avait des clients.

Au démarrage, vous aurez peut-être le sentiment que vous pourrez vendre à tout le monde. En réalité, plus la clientèle cible est déterminée, plus la stratégie de ventes sera efficace.

Les données financières du business plan

Ai-je besoin de vous indiquer que c’est la partie effrayante du document? Toutes les données d’exploitation et les hypothèses hautes et basses de croissance sont transformées en chiffres, et présentées sous la forme d’un état de résultats, un bilan et des prévisions de trésorerie.

L’ensemble doit couvrir les 3 prochaines années. Cet exercice est très technique et rebute la plupart des gens d’affaires. Les états financiers sont regardés à la loupe par les banquiers, les investisseurs, et autres partenaires éventuels. Tous les financiers vont évaluer les risques, la probabilité que les hypothèses se réalisent. Toute faille dans la logique, le processus de fabrication ou tout autre élément sera pointée du doigt.

Compte tenu de l’importance des données financières, il est indispensable que vous soyez accompagnés dans les calculs, la collecte des hypothèses et la production des documents finaux. Il n’y a rien de mieux qu’un ou une professionnelle de la comptabilité pour conseiller, orienter et redresser.

La structure du business plan est la même en France et au Canada. Seuls l’ordre des chapitres diffère.

Comment trouver du financement?

La majorité des entrepreneurs et entrepreneures veulent, en général, en obtenir avant de se lancer. Pour certaines activités, l’équipement est nécessaire parce qu’il faut fabriquer pour un nouveau produit : gin et vodka québécois, chocolat végan, application mobile pour trouver un sous-traitant industriel. L’équipement permet de passer du stade artisanal au stade industriel.

Dans le cas où vous souhaitez vous lancer sur le marché international, vous devrez envisager le recrutement de plusieurs dizaines de salariés dès le départ, ce qui nécessite des fonds.

Avec l’argent arrive aussi la vitesse de développement du projet.

Le financement peut prendre la forme d’un prêt à rembourser, d’une participation au capital social qui permet le contrôle des décisions avec la détention de la majorité des actions. Convaincre une banque est un exercice en soi. Attendez-vous à ce qu’on vous demande des garanties et une mise de fonds personnelle.

L’obtention de bourses grâce à la participation aux concours destinés à stimuler le démarrage des entreprises est un autre moyen de financer votre entreprise. Obtenir 25 K $ ou 30 K $ au départ d’un projet donne un sacré élan.

Un autre mode populaire pour rassembler de l’argent avant la fabrication du produit ou la création du service est le sociofinancement. Le projet est présenté à un public divers et varié sous une forme conviviale et les sommes collectées ne sont pas forcément d’un montant très élevé. C’est le nombre des donateurs qui fait la différence. Aucun remboursement n’est exigé. En contrepartie du don, l’entreprise offre des produits en cadeau.

Quelle que soit la forme choisie, ma recommandation est d’estimer au préalable le temps de préparation et de suivi. Mettre de l’énergie à gagner un concours est justifiable. En contrepartie, ce temps ne sera pas investi dans la mise en place d’une organisation comptable ou la recherche de clients.

Le temps nécessaire pour lancer une startup est variable. Tout dépend de votre capacité à payer vos factures en parallèle du travail de recherche, d’essais/erreurs et de mise en place de l’entreprise à proprement parler.