Après plusieurs années passées à Montréal (Québec-Canada) à exercer à titre de CPA (comptable professionnelle agréée), Marie-Madeleine Lochet est revenue se déposer en Europe en 2022 à Annemasse, une commune dynamique de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Si sa motivation de départ était familiale, il ne lui a pas fallu longtemps pour y ouvrir une succursale et amorcer le développement de ce nouveau marché. De passage à Montréal à l’automne 2023, elle a bien voulu se prêter au jeu de l’entretien. Elle revient sur les défis qu’elle a dû relever et sur ses projets pour les prochaines années.

Q:Pourquoi avoir choisi Annemasse ?

MML : Je voulais avoir un pied en Europe, mais je désirais retourner à Montréal régulièrement. La proximité de l’Aéroport international de Genève, à 45 minutes en train depuis Annemasse, a certainement été déterminante. De plus, Annemasse est reliée par tram et train à la Suisse, ce qui est un atout indéniable. Aussi, toute la Haute-Savoie où se trouve la Chambre de commerce d’Annecy est facilement accessible.

Il faut dire qu’Annecy est un pôle d’attractivité économique, tout comme les universités, qui se regroupent et allient leurs forces pour former la jeunesse et combler les besoins des entreprises. Enfin, une autoroute fait le lien avec l’Italie et passe par la vallée mondiale du décolletage où se concentrent 50 % des entreprises françaises de ce secteur d’activité.

Q:Quels sont les éléments d’intérêt du marché d’Annemasse pour des services comptables ?

MML : Je dois dire d’entrée de jeu que je retrouve à Annemasse les éléments structurants de Montréal : la diversité que j’aime tant, le dynamisme économique palpable, les infrastructures de transport, les universités, et la beauté de la nature aux alentours. Tout est donc très favorable aux affaires de manière générale.

Cela dit, mon marché cible couvre un territoire beaucoup plus vaste. La collaboration à distance, à laquelle nous a habitués la pandémie, facilite grandement la prestation de services auprès d’entreprises éloignées géographiquement sans que la qualité en souffre.   

La région de la Haute-Savoie a un très fort potentiel de développement des affaires. Il y a des stations de ski, des industries, des services, de l’agriculture et de l’élevage.

Avec son offre salariale très avantageuse pour les travailleuses et travailleuses, la Suisse a tendance à aspirer vers elle les meilleurs talents, ce qui engendre des problèmes de main-d’œuvre dans les régions limitrophes. C’est pourquoi il m’a semblé indispensable de proposer des services spécifiques de :

– Remplacement temporaire des chefs de services comptables ;

– Consultations rapides pour permettre aux entrepreneur·e·s de comprendre leurs états financiers, apprendre à effectuer des prévisions de trésorerie et de maîtriser une foule d’autres sujets d’importance pour passer le cap des 5 ans ;

– D’accompagnement dans la réorganisation des processus comptables pour dématérialiser notamment les factures de vente et d’achats.

Q : Dans la perspective de votre implantation à Annemasse, est-ce difficile de se réadapter au système fiscal français ?

MML : Réadapter est le bon mot, car le service des impôts français s’est modernisé. Tout est maintenant dématérialisé. J’ai envoyé des déclarations d’impôt papier, comme avant, et l’on m’a gentiment demandé d’aller les remplir en ligne.

Sur le plan des lois fiscales, j’ai l’habitude de les lire et de les appliquer. Je n’ai pas tout oublié des lois françaises et des principes d’application. Cependant, les taux d’imposition et ceux des taxes à la consommation sont à réapprendre en totalité, tout comme les délais à respecter. Vous savez que les comptables gèrent sans arrêt des échéances.

S’il fallait comparer les 2 systèmes fiscaux, je dirais qu’il y a bien sûr des différences liées à la culture. Par exemple : les entreprises sont très peu imposées au Canada alors qu’en France, les règles ne sont pas aussi généreuses. Une entreprise est source de richesses. L’imposition est reportée sur les personnes physiques.

Q : L’obligation pour les entreprises françaises de dématérialiser leur comptabilité a été repoussée d’un an. De quelle(s) manière(s) devraient-elles mettre à profit ce sursis ?

MML : De mon point de vue, la dématérialisation va permettre l’utilisation d’outils qui vont faciliter l’échange de données comptables : les factures de vente des uns deviennent des factures fournisseurs pour leurs clients. L’envoi par courriel d’une facture au format PDF ne sera plus autorisé.

L’utilisation de nouveaux outils nécessite une remise en cause de l’organisation du travail du service de comptabilité, dont la collecte d’informations et leur traitement. Le classement et l’archivage sont aussi affectés. La nouveauté nécessite un changement d’habitudes qui génère du stress. Vais-je perdre mon emploi est la question que l’on me pose le plus souvent lorsque j’arrive dans une entreprise pour réviser les processus (enchaînement des tâches).

La dématérialisation est une formidable opportunité pour accompagner les entreprises à gagner en productivité.